L’Atletico de Madrid à la croisée des chemins.

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L’Atletico de Madrid va entamer une semaine cruciale sportivement puisqu’il va affronter ce week-end le FC Barcelone pour le titre de Liga et le Real Madrid en finale de Ligue des champions le samedi suivant.

Mais au delà des enjeux sportifs cette semaine se révèle décisive car elle va confirmer, ou non, le redressement sportif de l’Atletico de Madrid, géant du football espagnol, endormi depuis une trentaine d’années, et sa capacité à raccrocher le wagon de tête des formations continentales ou de continuer à végéter en seconde classe.

Le miracle Simeone.

C’est bien un petit miracle qu’a réalisé l’entraîneur argentin. Ce dernier est parvenu à hisser au sommet du football européen un groupe de joueurs qui végétait en milieu de classement de Liga il y a encore 3 saisons (il prend les reines de l’équipe lors de la 18eme journée de la saison 2011/2012 alors qu’elle est classée 10eme). 80 % de l’effectif de l’Atletico de Madrid actuel était déjà présent avant que le Cholo ne remplace Gregorio Manzano. L’on pourrait même qualifier que son groupe actuel est plus faible puisqu’à l’époque l’Atletico possédait au sein de son effectif le redoutable Radamel Falcao, considéré comme l’un des meilleurs attaquants du monde.

Diego Pablo Simeone (photo sous licence CC de Carlos Delgado)

Diego Pablo Simeone (photo sous licence CC de Carlos Delgado)

L’argentin qui connaissait bien la maison pour y avoir évolué 5 saisons sur l’ensemble de sa carrière a transfiguré une équipe composée de bons joueurs mais qui semblaient jouer avec le frein à main. Il a su imposer son style dans la droite ligne du joueur qu’il était : un milieu défensif à gros volume de jeu, doté d’un tempérament de guerrier qui savait assoir sa domination dans l’entre jeu.

Aujourd’hui l’Atletico de Madrid est une équipe qui étouffe littéralement son adversaire, par une pression et une densité physique impressionnante puis qui l’exécute sur des contres ou des actions offensives rondement menées grâce à l’habileté technique de ses joueurs offensifs comme le turc Arda Turan ou le brésilien naturalisé espagnol Diego Costa.

Diego Costa, parlons en justement. Le brésilien de naissance qui va disputer la coupe du monde sous les couleurs de l’Espagne était un attaquant à la réputation de joueur rugueux qui avait essentiellement évolué dans des équipes de deuxième division en Espagne (celta Vigo, Albacete, Valladolid et le Rayo Vallecano) et n’avait jamais marqué plus de 10 buts sur une saison. Sa venue  à l’Atletico de Madrid fût un coup de maître tant son style était idéal pour le jeu prôné par Diego Pablo Simeone. Il s’imposa en attaque relégant sur le banc le champion du monde espagnol David Villa.

Il constitue la figure emblématique de cet Atletico version Simeone qui est en train de réaliser l’une des plus grandes saisons de sa longue histoire.

 

La salle des trophées de l'Atletico de Madrid avec la mythique statue de Neptune. (photo sous licence CC de Dan Heap)

La salle des trophées de l’Atletico de Madrid avec la mythique statue de Neptune. (photo sous licence CC de Dan Heap)

Le renouveau économique en appui du renouveau sportif.

De façon un peu atypique, il se pourrait que contrairement à l’ordre habituel, ce renouveau sportif de l’Atletico de Madrid serve de catalyseur à son renouveau économique.

Il convient de se souvenir que l’Atletico de Madrid est un grand d’Espagne. Ses 8 titres de champion et sa finale de ligue des champions 1974 perdue contre le Bayern Munich en faisaient le rival numéro 1 du Real Madrid en Espagne, devant le FC Barcelone. Mais à la différence du club de Catalogue, les colchoneros ratèrent le virage des années 80 et la gestion sportive très instable de l’ère Jesus Gil  ne lui permis pas de connaître le même développement que les  barcelonais où son rival madrilène.

L’Atletico de Madrid stagna sur le plan sportif ce qui eu d’importante conséquences sur le plan économique. Le club peu en verve sportivement rata le grand virage de l’internationalisation de sa « marque » et par ricochet sa capacité à vendre ses droits télés au même niveau que le real ou le barça. Loin derrière en terme de budget (120 millions d’euros pour l’Atletico cette saison, contre 470 pour le Barça et 580 pour le Real Madrid), pour tenir la distance financièrement l’Atletico devait vendre chaque fin de saison ou quasiment l’un de ses joueurs vedettes. Ainsi Fernando Torres, Diego Forlan, Sergio Aguëro et la saison passée Radamel Falcao quitèrent les bords du Manzanares pour permettre à l’Atleti de boucler son budget.

Le mytique stade Vicente Calderon.

Le mytique stade Vicente Calderon.

Mais les choses pourraient désormais changer.

D’abord parce que la manne financière de cette saison 2013/2014 sportivement exceptionnelle devrait permettre à l’Atletico de conserver son effectif voire de le renforcer, et ainsi de continuer à rivaliser avec les barcelonais et le Real sur le territoire espagnol.

Mais aussi parce que les actuels dirigeants madrilènes ont compris que pour lutter à armes égales avec les plus grands clubs d’Europe, le vieux stade Vicente Calderon ne suffisait plus. L’enceinte de 54 000 places est sous dimensionnées pour rivaliser avec l’Emirate Stadium d’Arsenal, l’Allianz Arena de Munich ou Old Trafford.

Ainsi la vente de l’enceinte des bords du Manzanares est programmée dans la perspective d’un déménagement au stade de la Peineta dans l’est de Madrid en 2016. Ce stade, était initialement stade d’athlétisme de la communauté de Madrid et serait devenu le stade olympique si la capitale espagnole avait été retenue pour 2020. Cette enceinte devrait être entièrement reconstruite grâce à l’argent de la vente du stade Vicente Calderon (210 millions d’euros) pour la transformer en un complexe ultra moderne de 60 000 places avec tribunes rétractables notamment.

Voici à quoi devrait ressembler le stade de la Peineta, future antre de l'Atletico Madrid. (photo Club Atletico de Madrid)

Voici à quoi devrait ressembler le stade de la Peineta, future antre de l’Atletico Madrid. (photo Club Atletico de Madrid)

Ceci devrait permettre de générer un niveau de revenus à la hauteur du potentiel du club, l’un des plus populaires d’Espagne.

Lorsque l’Atletico de Madrid s’y installera, il aura désormais un écrin pour rivaliser financièrement avec les plus grands clubs d’Europe. Il reste juste à espérer qu’il puisse conserver à sa tête « el cholo » Simeone, qui a le profil pour devenir le Alex Fergusson local. L’écossais, comme l’argentin, avait remporté comme premier trophée avec MU sa Coupe nationale dès sa deuxième saison, avant de gagner ultérieurement le championnat anglais puis la Ligue des champions. L’argentin a la possibilité de faire aussi bien que l’écossais dès la fin de la semaine prochaine.

Yannick, Docteur ès Liga.

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