Elu « club du 20eme siècle » par la FIFA le Real Madrid est l’un des plus grands clubs de football de la planète. L’année 1995 a une saveur particulière pour le club de la capitale espagnole car elle marque un tournant, un passage entre le Real Madrid de la tradition et le Real Madrid « moderne », celui qui a su prendre le virage d’un football business ultra médiatisé avec la réussite que l’on connaît.
Je vous explique pourquoi l’année 1995 est une année charnière dans l’histoire de ce club mythique.

La fin de la domination barcelonaise :

Le début de la décennie des années 90 a été cauchemardesque pour les madrilènes. Le rival barcelonais a été titré quatre fois de suite, dont deux fois lors de l’ultime journée, après une défaite du Real contre Tenerife…
L’année 1995 marque un retour à la suprématie nationale pour les merengue puisque, en plus du titre de champion d’Espagne, les hommes de Jorge Valdano humilièrent 5-0 le grand rival catalan lors d’un Real-Barça considéré par les aficionados du club comme l’un des plus grands matchs de son histoire.

La photo de l’équipe qui allait justement humilier le Barça 5 à 0  le 7 janvier 1995.
Sa composition :
- debout de gauche à droite : Paco Buyo, Raul, Mickael Laudrup, Fernando Hierro, Luis Enrique, Quique Sanchez Flores.
- assis de gauche à droite: Mikel Lasa, Jose Emilio Amavisca, Ivan zamorano, Manolo Sanchis, Luis Milla.

L’émergence d’une nouvelle génération au niveau sportif :

La saison 1995 marque la fin d’une génération hyper douée d’un point de vue sportif mais qui est sur le déclin. Il s’agit de la « quinta del buitre » (Butragueno, Michel, Sanchis, Martin-Vaquez et Pardeza [qui ne joue déjà plus au Real]) . Si ces derniers sont encore présents dans l’effectif madrilène, ils ne sont plus indiscutables (hormis encore Michel et Sanchis).

Parallèlement émergent de nouveaux joueurs qui vont marquer l’histoire du club. L’on peut notamment citer Raul et l’argentin Fernando Redondo. Cette saison là le Real voit évoluer dans ses rangs les joueurs étrangers parmi les meilleurs du monde qui vont confirmer leur statut au sein de l’équipe (ce qui n’est pas toujours le cas pour les grandes recrues étrangères). Il s’agit en particulier du meneur de jeu danois Michael Laudrup, transfuge du Barça et de l’avant centre chilien, Ivan Zamorano,  qui vient de réussir une saison tonitruante au FC Seville.

Le fac similé d’un billet d’entrée du Real Madrid – FC Barcelone du 7 janvier 1995 un collector pour les amoureux du Real..

L’entrée dans l’ère du football business.

L’année 1995 marque l’entrée du Real dans le football business. Elle est illustrée par le passage de témoin au niveau de la présidence entre Ramon Mendoza, réelu en début d’année face à Florentino Perez, et Lorenzo Sanz, son bras droit qui prend sa place suite à une crise interne en juin.
Ramon Mendoza, c’était le président du Real Madrid traditionnel. Ce dernier avait fait fortune dans le commerce avec l’URSS sous Franco et gérait son club de façon très traditionnelle, en s’appuyant sur le tissus économique national d’un pays peu industrialisé. Ainsi, durant des années l’équipementier est la marque espagnole Kelme et le sponsor maillot le fabriquant de cuisine de Santander Teka.
Le nouveau président qui arrive en 1995 vient bousculer cela, en signant des partenariats lucratifs avec des firmes internationales (Adidas à la place de l’équipementier espagnol Kelme par exemple) et en lançant une politique d’internationalisation du club à tout point de vue (produits dérivés, droits TV, recrutement…).

Parallèlement 1995 est l’année de l’arrêt Bosman ( arrêt de décembre 1995) qui viendra révolutionner les politiques sportives des clubs de football professionnels. (en gros avant pour le Real Madrid, la politique sportive était 8 des meilleurs joueurs espagnols + 3 des meilleurs joueurs du monde… après l’arrêt bosman il n’y a plus de limites dans l’internationalisation de l’effectif).

Que reste t-il de cette année 1995 au Real ?
Sûrement la victoire contre Barcelone et la Liga et les bases qui permettront au club de reconquérir le trophée chéri des socios madrilèles, la Coupe d’Europe des Clubs Champions deux saisons après grâce à un but inoubliable du Pedrag Mijatovic, mais ceci est une autre histoire…